Les origines de la Malinche
La Malinche (également connue sous les noms de Doña Marina, Malinal et Malintzin) était une femme indienne d’origine nahuatl (tribu des Nahuas), amante, interprète et conseillère d’Hernán Cortés et également l’une des figures les plus importantes de la conquête du Mexique.
Quand La Malinche était très jeune, son père est décédé. Sa mère s’est remariée et a eu un enfant avec son nouveau mari, ce qui a laissé Malintzin dans une position inconfortable. Par conséquent, elle a été vendue et achetée par des marchands mayas qui l’ont emmenée dans la ville de Potonchán. Comme Malinche était jeune à cette époque, en plus de sa langue maternelle, le nahuatl, elle a rapidement appris à parler couramment la langue maya locale.
Les qualités de polyglotte de la Malinche
En 1519, La Malinche et 19 autres femmes esclaves furent données en cadeau à Hernán Cortés. Cortés a vite compris la valeur du bilinguisme de Malintzin. Au début, la Malinche traduisait les messages en Nahuatl vers le Maya et Jerónimo de Aguilar, un membre de l’expédition de Cortés, du Maya vers l’espagnol. Grâce à son don des langues, la Malinche a appris l’espagnol assez rapidement et est devenue la traductrice, l’interprète et la conseillère la plus importante d’Hernán Cortés. Elle devient catholique et se fait baptiser. Lors de son baptême, elle a reçu le nom de Marina et plus tard, les Espagnols ont commencé à l’appeler Doña Marina. En 1521, elle a eu un fils avec Cortés, Martín. Aujourd’hui, Martin est considéré comme le premier métis du Mexique.
Lors de l’expédition de Cortés au Honduras en 1524, la compagnie est passée par la région d’origine de Malintzin. C’est là qu’elle a rencontré sa mère et son demi-frère. Elle a épousé Juan Jaramillo et a eu, plus tard, un fils avec lui.
Après l’expédition au Honduras, la Malinche a presque disparu de la littérature historique. La cause et la date de sa mort ne sont pas connues. Selon certaines sources, elle serait morte en 1529 d’une maladie espagnole à laquelle elle n’a pas résisté. On dit aussi que certaines lettres espagnoles assurent qu’elle était en vie jusqu’en 1550, plaçant sa mort dans l’année suivante, 1551.
Le rôle de la Malinche aux yeux des Mexicains
Aujourd’hui encore, la Malinche reste une figure abstraite et ambiguë. Pour certains, elle est la mère de la nation mexicaine et une idole. Pour d’autres, elle est une personne malfaisante, symbole de la trahison nationale. Ce qui est incontestable, c’est qu’elle a été une figure indispensable dans la conquête du Mexique. Bernal Díaz del Castillo, un soldat, qui a combattu avec Cortés, a écrit à son sujet, ce qui vérifie son importance. Il y a décrit, entre autres, l’intelligence, la beauté, l’héroïsme et la force de la Malinche. Hernán Cortés lui-même n’a mentionné Malintzin que dans quelques lettres : « son interprète qui est une femme indigène ». Pendant l’ère coloniale, il n’y a pas eu beaucoup de mention de la Malinche, dans la littérature coloniale non plus.
La trahison de la Malinche
L’image de La Malinche a vraiment commencé à se détériorer après la révolution mexicaine. Comme la révolution était le moment de la montée de la conscience nationale mexicaine, la Malinche a commencé à être considérée comme une figure négative, une femme qui, en offrant ses services aux Espagnols, a trahi le peuple mexicain. Plusieurs écrivains l’ont également décrite sous un jour peu positif, comme la traîtresse. Même Octavio Paz, écrivain et poète mexicain, lauréat du prix Nobel de littérature, a fait un lien direct entre la Malinche et « la Chingada », un mot qui a plusieurs sens négatifs en espagnol mexicain, dans son essai El laberinto de la soledad (1950).
Après l’indépendance du Mexique, Malitzin a eu une image tellement négative que le « malinchismo » est même devenu un terme en espagnol mexicain. Cela signifie qu’un groupe social ou ethnique abandonne ses coutumes traditionnelles et adapte celles des étrangers.
La Malinche, figure féministe
Dans la culture chicano, la Malinche est surtout devenue une figure positive, voire une idole pour les femmes chicanos. L’admiration que les Chicanos portent à la Malinche est facile à comprendre. Elle a dû prendre une décision, soit de s’adapter à la situation de l’époque, soit de continuer à servir et à être loyale envers son peuple, qui ne l’avait même pas très bien traitée, tout comme les Mexicains aux États-Unis aujourd’hui. On dit que La Malinche n’est pas à blâmer pour la destruction d’une nation représentée par les Aztèques mais à remercier pour la création d’une autre, celle des métis.
Depuis les années 1960, les féministes chicanos ont commencé à « purifier » la mauvaise image de La Malinche. Ils l’ont défendue et ont fait valoir que la façon dont elle est perçue est un bon exemple de misogynie. Les hommes non seulement dominent le corps des femmes mais ils ont aussi le contrôle de leur image.
Conclusion
Bien que le personnage de La Malinche reste controversé à ce jour, son importance historique ne peut être niée. Pour certains, c’est une idole et pour d’autres un traître. Une chose est sûre, pour toute la nation mexicaine, c’est un personnage clé de l’Histoire sans lequel, le présent ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Sans elle, l’empire aztèque ne serait peut-être pas tombé et la nation mexicaine ou métisse ne serait jamais née. On peut également imaginer que, sans la Malinche, les communications entre les Aztèques et les conquistadors espagnols auraient été très rares et auraient abouti à une conquête plus violente et plus sanglante.
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